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Yamachiche

Yamachiche

Publié le 26 mai 2020

Fière de ses racines...

Lorsqu’on s’intéresse à Yamachiche, on découvre rapidement que l’histoire habite intrinsèquement les Yamachichois et les Yamachichoises. La municipalité a effectivement une histoire des plus riches.

D’abord, il faut savoir que Yamachiche est le premier chemin piétonnier qu'empruntaient les Algonquins à une époque où ils l'appellaient Wabmachis, ou Ouamachiche.  On dénombre d'ailleurs 17 façons différentes d'écrire Yamachiche, puisque cette dénomination est tirée d'une langue non écrite que les colonisateurs transcrivaient par le son qu'ils croyaient entendre des premières nations. L’histoire moderne de Yamachiche remonte au XVIIième siècle alors qu’en 1653, le fief de Grosbois fut concédé à Pierre Boucher, gouverneur de Trois-Rivières, en bordure du Lac Saint-Pierre. Une dizaine de familles de premiers colons s’y sont établis au tout début des années 1700. C’est la chasse à l’orignal qui les attirait  alors sur le territoire.

Dans la langue des Cris, dialecte Algonquin, Yamachiche signifie boue au fond de l'eau ou encore rivière vaseuse, faisant référence à la consistance argileuse du sol. C’est cette terre argileuse qui permit l’exploitation d’une importante industrie de poterie et de briquerie à l’époque. On dénombrait 6 poteries à ciel ouvert. Les potiers qui y travaillaient avaient fui la rébellion de St-Denis sur Richelieu pour venir s'établir à Yamachiche. Les briques, qui y étaient fabriquées, ont d’ailleurs servi à la construction des fameuses maisons en briques rouges qui sont bâties en enfilade dans le cœur du village. Ce site patrimonial, de douze bâtiments résidentiels construits dans la seconde moitié du 19e siècle, caractérise le noyau villageois face à l’église et au presbytère. Ces maisons étaient à l’origine des résidences réservées aux notables de Yamachiche.

Aujourd’hui, il est possible d’admirer l’intérieur de ces jolies maisons historiques grâce, entre autres, à la Bezotte café de village, qui met en valeur l’une d’entre elles depuis mai 2018. La bâtisse est reconnue par les Yamachichois et le Yamachichoises comme étant l’ancienne résidence du Docteur Lamy, dernier médecin à avoir exercé des soins médicaux à son domicile. 

Crédit photo : Page Facebook de La Bezotte, Daniel Rocheleau et Samuel Côté

La vie communautaire à cœur

L’idée du café-restaurant-salle de spectacle La Bezotte, café de village, est née d’une vision de Samuel Côté et Daniel Rocheleau pour unifier et dynamiser leur village. La Bezotte, c’est une histoire de famille. Samuel a grandi à Yamachiche où son père et son grand-père y ont aussi été commerçants. Après ses études à Québec, il décide de retourner dans son village d’origine avec sa copine Dourga. « Je voulais revenir en région pour des raisons familiales, et pour trouver une meilleure qualité de vie », raconte Samuel. Il s’associe alors avec le mari de sa sœur, Daniel Rocheleau, qui est installé au village depuis 1997 et qui s’implique alors déjà beaucoup dans la vie communautaire de Yamachiche, notamment en organisant les soirées-spectacles en plein air durant l’été. « Je me disais que ça prenait un lieu pour faire sortir les gens à l’année. Et tout s’est aligné, avec le retour de Samuel. On a voulu créer un lieu de rassemblement en région tout en ayant une belle qualité de vie en famille », relate Daniel.

Le duo d’associés participe de près à la redynamisation de la vie communautaire de Yamachiche. L’endroit rassemble ses habitants autour des plaisirs gourmands et de la culture. À l’étage, on y retrouve une pièce multifonctionnelle où une salle de billard, un local de réunion et une salle de spectacle sont emménagées. « On peut venir ici avec son équipe de travail pour changer de lieu et quitter un peu ses bureaux ou encore se rassembler en famille le soir, faire un 5 à 7 de bureau… », illustre Samuel. Le café La Bezotte resserre les liens par son accueil chaleureux et son offre culturelle variée. Les soirées de contes se sont d’ailleurs déjà taillées une place de choix dans les incontournables de la région. Ponctuellement dans l’année, on y offre une programmation où plusieurs conteurs viennent partager leurs univers singuliers sur des thèmes donnés. La formule est grandement appréciée et ses événements sont vite devenus d’une grande popularité. Samuel et Daniel relatent que les spectateurs sont en partie des habitués mais qu’il y a toujours de nouveaux initiés à chaque représentation. Plaisir assuré, on se promène à travers une gamme complète d’émotions tantôt en éclatant de rire, tantôt en étant ému aux larmes. En plus de divertir sa clientèle, ces soirées ont toujours une intention sociale derrière la cravate. On remet les fonds amassés à différentes causes qui touchent les Yamachichois et le Yamachichoises.

Crédit photo : Page Facebook de La Bezotte

Daniel Rocheleau affirme que de nombreuses jeunes familles sont venues s’installer à Yamachiche depuis les années 2000. « Le village est vivant, il a perdu son ancienne réputation de village de vieux! ». Les deux beaux-frères associés s’entourent de plusieurs membres de leur famille, tant dans les cuisines qu’au service. Enfants, belles-sœurs et belles-filles mettent la main à la pâte lorsque des groupes viennent manger la cuisine du marché faite avec des produits locaux du Rieur Sanglier, les légumes des maraîchers et les vins des vignobles du coin. « On veut travailler le plus possible les produits de la région dans l’assiette, et aussi les mettre sur tablette dans notre boutique. Avant, les producteurs agroalimentaires ou les artistes du coin avaient peu de vitrine, il fallait aller au fond des rangs pour les trouver… », indique Samuel.

C’est connu, plusieurs petites localités au Québec subissent la fermeture malheureuse de leurs commerces locaux. C’est toutefois le contraire qui se produit à Yamachiche. En une très courte période, cinq commerces ont vu le jour dans la municipalité de Yamachiche. La boulangerie le Pain Griffé, le gîte atelier Yamachiche PQ, la Brasserie Déparaillée, l’épicerie zéro déchet le P’tit Garde Manger et La Bezotte café de village contribuent, à leur façon, à la redynamisation du village.

Une mémoire vivante à Yamachiche…

André Desaulniers est en quelque sorte le coffre-fort de la mémoire de Yamachiche. Il sait presque tout en détails de l’histoire de son village! Il m’a confiée humblement que le partage de l’histoire est une passion familiale qu’il tient de ses ancêtres et dont il sent le devoir de poursuivre la tradition. Pierre Boucher, premier gouverneur à être arrivé à Yamachiche, céda ses terres à ses neveux Charles et Julien Lessieur, qui sont les ancêtres de monsieur Desaulniers. Fier d’être dans la lignée des premiers bâtisseurs du village, il se dit être un « ramasseux » de pièces historiques de toutes sortes. « Souvent, quand j’arrive chez nous après ma marche, je retrouve des boîtes remplies de documents historiques sur mon balcon. Les gens m’appellent pour me donner des livres, des photos ou des objets qui appartenaient à leur famille. Ils savent que j’ai à cœur l’histoire de Yamachiche, de nos racines et que j’aime m’impliquer », raconte monsieur Desaulniers. Pour l’encourager dans ses démarches, la municipalité lui a concédé un local entier dans le pavillon des loisirs dans lequel il trie et range toutes les archives qu’il trouve et les rend à disposition de la population. « L’histoire, c’est une passion qui m’a été transmise de père en fils depuis des générations. Depuis que je suis tout petit, je collectionne et je ramasse. Nous sommes une municipalité riche en histoire et il s’est passé beaucoup de choses ici. C’est important de conserver les éléments historiques et j’ai beaucoup de plaisir à partager ça à la population! », confie le passionné. Dans un souci de donner goût aux citoyens ou aux curieux de s’intéresser davantage à leur histoire, monsieur Desaulniers a participé à la création du groupe Facebook Yamachiche, son histoire, son patrimoine où il partage des publications sur des faits historiques, des personnages marquants, des familles ainsi que l’origine des noms de rues, routes, chemins et parcs. « L’engouement est là. Les gens se reconnaissent ou reconnaissent des membres de leur famille. Ils apprennent des choses. C’est une belle façon de garder en vie notre mémoire collective », rapporte monsieur Desaulniers. Sur le site web de la municipalité de Yamachiche, on retrouve une section très garnie sur l’histoire du village, qui est alimentée régulièrement par monsieur Desaulniers par des tonnes d’articles qu’il rédige assidument sur l’histoire, la toponymie et la généalogie du village.

En plus de son implication envers la population locale de Yamachiche, monsieur Desaulniers guide des groupes de visiteurs, de façon totalement bénévole, qui viennent à Yamachiche pour en apprendre sur la municipalité. Il y accueille beaucoup de familles souches du village qui veulent en savoir plus sur leurs ancêtres mais il reçoit aussi des professeurs d’université, des historiens ainsi que des retraités de la fonction publique du Québec. L’Université McGill l’a même récemment rencontré pour la conception d’un volume sur la vie d’époque. André Desaulniers sait pratiquement tout de Yamachiche et ce, dans les moindres détails : l’enfilade de Maisons-en-Brique-Rouge du village, les premiers bâtisseurs, les personnages célèbres, la statue de Sainte-Anne, la première cordonnière au Québec, l’ouverture du Chemin-du-Roy, la création du village, l’histoire des églises de Yamachiche, etc. Il se rend généreusement toujours accessible à quiconque porte un intérêt sur la riche histoire de son village. Merci M’sieur Desaulniers!

Un retour aux sources à son image

Crédit photo : Courtoisie Shad Ferron

Les ancêtres de Shad Ferron sont arrivés à Yamachiche il y a de cela au moins 7 générations. Le premier qui est arrivé de Nouvelle-France s’appelait Jean Ferron. Il travaillait le fer aux forges du Saint-Maurice, d’où son nom, d’ailleurs, qui fut alors justifié par son métier. La transition pour prendre une partie de la relève de la ferme familiale s'est faite tout naturellement pour Shad. Ayant grandi sur la ferme et fait ensuite ses études en production agricole, il reprend une partie de l’entreprise de son père, qu’il adapte au fil des ans à ses idéaux et sa façon bien à lui de voir les choses. Aujourd’hui, il opère une production laitière d’une soixantaine de vaches Jersey. « Les plus belles! », dit Shad en parlant fièrement de ses bêtes.

Lorsqu’il parle de son projet agro-forestier à concept unique qu’il appelle « agro-sylvio-pasteuralisme », on voit instantanément la passion qui s’anime dans ses yeux. Une espèce de feu intérieur qui caractérise assez bien le personnage attachant qui collectionne les cordes à son arc. Shad Ferron m’explique que l’agro-sylvio-pasteuralisme, désignant agriculture-arbre-pâturage, consiste à revoir la façon que les vaches font du pâturage en symbiose avec la forêt. Il a donc planté plusieurs essences d’arbres dans ses champs. D’abord pour permettre une captation de carbone, cette action a des répercussions positives sur son type d’agriculture. En permettant, d’une part, de faire de l’ombre aux vaches, les arbres plantés forment à leur tour une forêt nourricière en produisant du sirop d’érable, des noix et des fruits. Ce concept lui permet un mode de vie à la ferme qui se rapproche le plus près possible de ses besoins de base. « Me loger, me nourrir… Je vis près de la vraie vie, des saisons, de la météo, de la nature et du vivant, des animaux. C’est certain qu’il y a le côté commercial de la vente du lait et des produits de la terre qui me permettent de faire des sous mais ça va plus loin que ça. J’essaie de créer une bulle où toutes les sphères sont là pour et avec les autres. Les champs en permaculture offrent un milieu de vie à une foule d’espèces animales et végétales qui me donnent du bois de chauffage, des produits comestibles et de la bouffe pour les animaux. En retour, Les animaux me donnent le lait et la viande et engraissent à leur tour la terre avec le fumier… Et puis ça tourne », relate Shad. 

Étant de moins en moins d’accord avec le système de surproduction, de mondialisation et d’épuisement des ressources actuel, Shad a l’ambition profonde d’un genre d’agriculture différent de celui proposé par l’industrie en général. « Je veux nourrir les gens autrement, être pertinent pour eux mais pour la vie et mon milieu en général. Je ne me sens pas tellement agriculteur de métier. C’est plutôt que j’ai choisi ce mode de vie là. Je prends soin de mes bêtes et ils prennent soin de moi. Je veux démontrer davantage de respect pour ce monde dans lequel je vis. J’en fais partie, je ne suis pas au-dessus de tout. Je ne vaux ni plus ni moins que les autres êtres vivants, tout en connaissant mes capacités d’humain et mon rang dans la chaîne. La terre, je ne l’ai pas héritée de mes parents, je l’emprunte aux générations futures. Tous les arbres que je plante, ce n’est pas moi qui va en récolter le fruit, c’est un projet plus grand que moi », poursuit Shad.

Crédit photo : Courtoisie Shad Ferron

À travers son look de « bum » avec ses perçages et son froc de cuir, on peut apercevoir le gamin rempli de bonté, de candeur et de joie de vivre qui croque pleinement dans la vie. Il touche à tout, fabrique presque tout. « J’ai le nez fourré partout! J’essaie le plus possible de faire les choses moi-même. Je travaille le bois, le métal, un peu mécano par-ci, un peu vétérinaire par-là… Name-it!  Et puis tout m’intéresse ; moto, cirque, animation publique, parachute, forge, enseignement… Et si je peux faire des sous avec tout ça, tant mieux!

C’est juste de se dire qu’on fait partie de quelque chose de plus grand que soi et de profiter de ce que la vie nous offre au maximum. J’essaie de toujours devenir une meilleure personne et d’être reconnaissant tout le temps parce que ça peut nous être enlevé n’importe quand. Alors je rentre dedans, et à chaque soir je me couche avec le sourire en me disant que j’ai fait du mieux que je pouvais… Et que demain, ce sera encore mieux », conclut Shad ferron. 

Ma découverte du village de Yamachiche s’est faite à travers des personnages inspirants et extraordinairement attachants. Ces personnalités ont en commun l’ambition d’améliorer leur communauté au meilleur de leurs capacités propres. Et ma foi, ils réussissent assez bien! Bravo Yamachiche!

Auteure : Agapi Bourdeau Kadianakis

Devise

Harmonie et fierté

Population

2 877 habitants

Année de fondation

1702

Habitants

Yamachichois – Yamachichoises

Site web

www.yamachiche.ca



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